WALLALIS - Journal & Livre de bord

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18/07/2018

Un bilan scientifique décevant, mais un bilan humain exceptionnellement bon

La mission Wallalis est désormais terminée et c’est l’heure du bilan. Evidemment la météo aura eu une influence majeure sur cette campagne et les forts vents et la houle ne nous ont pas permis de faire ce que nous avions prévu. Sur les 19 stations d’échantillonnage seule 4 ont pu être visitées et 6 stations supplémentaires ont été réalisées sous le vent des iles très près de la côte des iles de Wallis et de Futuna. Ce plan de campagne rétréci va clairement limiter la portée de nos résultats pour la zone économique de Wallis et Futuna. Cependant nous avons tout de même pu visiter 4 monts sous-marins dont le Lala Rock qui est proche de Wallis et que nous serons en mesure de bien caractériser avec les données et échantillons recueillis. Sur les 10 stations visitées nous avons réalisé un total de 73 opérations (15 descentes de CTD avec échantillonnage d’eau, 5 descentes de TAPS, 7 descentes de WBAT, 7 filets à zooplancton, 19 chaluts à micronecton et 20 sondes XBT) et nous avons collecté en continue des données d’acoustique, de courants, de température et de salinité. Il va nous falloir maintenant plusieurs mois pour faire les analyses de laboratoire et pour analyser toutes les données. Nous reviendrons présenter nos résultats à Wallis au cours du premier semestre 2019.

Humainement cette campagne a été exceptionnelle avec beaucoup de belles rencontres à Wallis et Futuna. Nous avons été très honorés d’être reçu par le roi de Wallis, et de rencontrer des membres de l’assemblée territoriale et le représentant du préfet à Futuna. Nous avons reçu un accueil chaleureux de la part des personnels des services de l’environnement et de l’agriculture et de la pêche qui nous ont apporté une aide précieuse. Les étudiants de Futuna et de Wallis ont été très enthousiastes et nous avons apprécié les échanges avec eux. Les médias nous ont également aidé à diffuser notre message. Enfin, nous voulions particulièrement remercier l’équipage de l’Alis qui a très largement contribué à la bonne ambiance à bord malgré les problèmes météo, et qui a montré beaucoup de compétence, de flexibilité et de bonne humeur.


Plan initial et plan final de la mission Wallalis

La journée d’hier a été intense avec toutes les visites et nous avons également une grosse journée en perspective aujourd’hui avec la démobilisation. Il s’agit pour les marins et toute l’équipe scientifique de rincer et remballer tout le matériel de notre mission qui doit débarquer pour laisser de la place à la mission suivante qui sera une mission de plongée. Il y a du gros œuvre avec le débarquement d’un treuil et du chalut à micronecton. D’un seul coup le pont arrière semble immense. Tous les câblages pour les instruments acoustiques mobiles sont défaits et tout l’équipement de filtration du labo humide est rangé dans un dock à terre en attendant les missions de Polynésie française dans un mois. Tout est étiqueté et mis en caisse et en partie chargé dans un container pour un retour du matériel à Noumea. Nous aurons eu de la chance jusqu’au bout avec la météo puisque le travail est interrompu par une grosse pluie d’orage.


Démontage du système acoustique de la perche mobile


Le pont arrière encombré des caisses du matériel qui doit repartir en France, à Noumea ou en Polynésie.


A l’abri dans le container en attendant que la pluie cesse.

Ce matin, nous avions la visite de plusieurs classes à bord, des terminales S et des troisièmes. Nous avions organisé 5 ateliers dans lesquels ils tournaient pour leur expliquer nos missions à bord. Un atelier portait sur les instruments physiques et le phytoplancton, un atelier sur le micronecton, un atelier sur l’acoustique, un autre sur l’écosystème pélagique et un dernier en passerelle où le second et le lieutenant expliquaient le fonctionnement du bateau. Les enfants eurent l’air d’apprécier. Cet après-midi, c’était le tour des officiels de venir visiter le bateau, ministre coutumier, personnel du service de l’agriculture et de la pêche, représentant du vice rectorat, agents du service de l’environnement, responsable Wallis radio, représentante de la chambre de commerce, eux aussi semblèrent intéressés par notre travail.


Martine et Céline expliquant la rosette (haut gauche), Aurore présentant les espèces de l’écosystème pélagique (haut droite), Elodie montrant les organismes pêchés pendant la mission (bas gauche) et Gildas montrant l’acoustique (bas droite)

Pour cette dernière journée en mer, le vent est enfin un peu tombé. Nous décidons donc de faire une station du coté au vent de Wallis que nous n’avons pas encore exploré. La station se passe bien et nous observons même un requin marteau, curieux, qui nous suit à l’arrière du bateau. Le chalut remonte des organismes que nous n’avions pas encore récoltés, et même un poisson que nous n’avons jamais vu. Vers 14h, nous faisons route vers le lagon pour retrouver le quai duquel nous sommes partis il y a deux semaines maintenant. Pour clôturer une belle mission qui se sera déroulé, certes dans des conditions météorologiques peu clémentes, mais toujours dans la bonne humeur, nous faisons un pot de fin de mission et un barbecue sur le pont le soir à quai.


Mise à l’eau du filet à zooplancton par les marins pendant la dernière station


Photo de groupe


L’équipe scientifique

Après 2 traits de chaluts sur les pentes de Lala Rock qui nous a permis de capturer des spécimens intéressants de poissons, nous décidons de partir plein sud vers la fosse de plus de 4000 m de profondeur que nous avons déjà tenter d’explorer il y a quelques jours. Nous naviguons en travers avec plus de 25 nœuds de vent, c’est très pénible et vers 8 heures du matin le commandant décide de changer de cap. La mer est grosse et nous ne pourrons pas travailler. Une nouvelle fois nous retournons à l’abri à l’ouest de Wallis.
Nous décidons de chercher les dispositifs de concentration de poissons (DCP) qui sont mouillés aux abords de l’ile. Ces DCP sont ancrés au fond par plus de 1000 m de profondeur et en surface ils sont visibles grâce à une série de bouées. Ces structures simples imitent des troncs d’arbre flottant qui ont tendance à attirer autour d’eux des poissons. Les pêcheurs peuvent alors espérer attraper plus facilement des grands prédateurs comme des thons, des mahi mahi ou des tazards du large en venant pêcher autour de ces DCP. Nous ne trouvons pas le DCP qui est supposé se trouver au sud, mais nous trouvons le DCP du nord-ouest. L’acoustique ne nous indique aucune activité aux abords du DCP et nous décidons de poursuivre vers le DCP plus au nord. Nous apercevons quelques oiseaux, des petits poissons autour du DCP du nord et des taches apparaissent sur l’acoustique indiquant la présence de poissons.


A) Un poisson Melamphaidae, B) un poisson Cyclothone, C) une crevette non identifiée semblant avoir un casque sur la tête


Les bouées de surface du dispositif de concentration de poissons (DCP) au nord de Wallis

Ce matin nous avons quitté les eaux calmes sous le vent de Wallis pour rejoindre un mont sous-marin à l’Est, le Lalarock. Ce mont sous-marin est en fait un assemblage de plusieurs sommets qui culminent à une vingtaine de mètres sous la surface, la profondeur passe d’environ 3000 mètres à 20 mètres en quelques kilomètres, une véritable montagne sous la mer. Nous savons d’après la littérature que les monts sous-marins sont souvent propices à l’agrégation de tous les maillons du réseau alimentaire, et nous voulions donc le confirmer pour celui-là. Après 6 heures de transit dans une mer agitée, nous arrivons par le sud du mont. L’objectif est de réaliser une première radiale pour mieux appréhender la bathymétrie complexe du mont et également de voir si le taux d’agrégation est différent sur la pente sous le vent et au vent. Un groupe de baleine fait surface juste à côté du bateau, et le signal acoustique est très fort sur les pentes. Ce site semble donc bien être un lieu de rassemblement de la faune marine. Nous réalisons également des tirs de Sippican XBT autour du mont, cette sonde se tire depuis le bateau, descend jusqu’à 750 mètres et nous transmet en direct un profil vertical de température. Cela permettra aussi de mieux comprendre l’organisation des masses d’eaux et des courants autour du mont.



Elodie réalisant les photos ci-dessous dans le laboratoire humide


Quelques spécimens du chalut de hier soir : crevettes decapoda (A et C), un juvénile d’Holocentridae (ou poisson écureuil, B), un juvénile de Pomacanthidae (ou poisson ange, D) et un amphipode (E)


Martine effectuant un tir de Sippican et le profil vertical de température correspondant


Echogramme des sommets du Lalarock. On peut voir trois formes très différentes : celle montrée du doigt en forme de cratère et culminant à 400 mètres, celle du haut à droite avec un sommet à 20 mètres avec une forte densité d’organismes sur la gauche et celle du bas montrant un somment plat et plus large

Nous avons terminé la station d’hier soir vers 21h et avons décidé de faire route vers l’est pour faire une station d’échantillonnage au-dessus d’une fosse de plus de 4000 m de profondeur. Avec un vent de face de 20 nœuds la navigation était vraiment inconfortable et quand le vent a dépassé les 25 nœuds vers 23h nous avons décidé de nous dérouter pour nous mettre à l’abri à l’ouest de l’ile de Wallis où nous avons passé la journée. Impossible de sortir de sous le vent de l’ile sans être confronté à des vents trop forts pour mettre des instruments à l’eau.
Nous décidons donc de refaire une station sous le vent de Wallis avec un chalutage profond à 500m et un chalutage à 200m, une descente de l’échosondeur large bande (WBAT) et une descente de rosette avec les capteurs pour établir un profil vertical jusqu’à 600 m de température, salinité et fluorescence.


Le poisson hachette de profil et de face


Le tri des organismes du micronecton


Les 2 échosondeurs autonomes : le TAPS en noir pour le zooplancton et le WBAT en jaune, sondeur à large bande pour les plus gros organismes. Ils sont descendus dans la colonne d’eau à chaque station


Le WBAT est ouvert pour en recharger la batterie

Après la station d’hier soir nous décidons de faire route immédiatement pour nous rapprocher de Wallis car les prévisions météo annoncent un forcissement du vent. Nous nous dirigeons vers un mont sous-marin que nous atteignons en milieu de matinée. Nous traversons le mont sous-marin pour acquérir le signal acoustique ; le sommet est autour des 440m de profondeur et nous repérons d’intéressantes détections entre 300 et 400 m. Nous mettons le chalut à l’eau mais sans capteur de profondeur sur le filet nous chalutons à l’aveugle et le chalut revient quasiment vide, nous avons manqué la détection.
Cette station sur le mont sous-marins est particulière. Les capteurs sur la rosette nous indiquent que le pic de fluorescence, indicateur de la quantité de phytoplancton, était à 100 m de profondeur avec la valeur la plus forte mesurée depuis le début de la mission. Une autre particularité de cette station est que la couche d’eau de surface entre 0 et 85 m est très homogène avec une température de 28.2°C. En dessous de 85m la température diminue rapidement, l’eau est à 24°C à 150m et à 6.5°C à 600 m de profondeur.


Le signal acoustique montrant des agrégations entre 300 et 400m de profondeur

Ce matin 6h00, la météo semble clémente, nous quittons donc notre mouillage à l’abri dans l’anse de Futuna et nous partons en direction du sud de la zone plein d’espoir. Malheureusement vers 9h30 nous déchantons assez vite, la mer est toujours très creusée et ce n’est pas possible de mettre les engins à l’eau. Nous repartons donc sous le vent de Futuna et décidons de faire une station dans ces eaux un peu plus calmes. Après deux CTDs, Céline, notre instrumentaliste, détecte plusieurs fragilités dans le câble électro-porteur. Le câble a donc été sectionné puis l’épissure a été refaite. Cette petite pause dans les opérations nous a permis de déguster de bonnes cocos offertes par la famille d’un marin Futunien qui a eu la joie de retrouver sa famille hier soir. Puis la station a repris avec deux chaluts à micronecton, le WBAT, deux filets à zooplancton et le TAPS.


Départ de la baie de Futuna de bon matin sous une belle lumière


A gauche, Aurore fait une pâte à crêpe avec Christophe le cuisinier et à droite Régis le commandant et Valérie profitent de leur coco fraiche


Céline en pleine soudure du câble électro-porteur


Un juvénile de Chaetodontidae (ou poisson papillon, A), un juvénile de Balistidae (ou baliste, B), un Mysteridae (ou poisson mystère, C) et un Pyroteuthidae (ou calmar, D)

Nous avons quitté le mouillage ce matin pour débarquer à Futuna. Nous mettons le zodiac à l’eau mais la houle est vraiment trop forte et nous ne pouvons pas monter à bord en sécurité. Nous attendons donc l’accord du pilote pour entrer dans la baie au calme et nous avons la chance de voir a plusieurs reprises une petite baleine, sans doute un petit rorqual, tout près du bateau. Nous débarquons alors en zodiac et sommes accueillis par un représentant du service de la pêche qui conduit l’ensemble de l’équipe scientifique au collège de Sisia. 

La proviseure du collège, le professeur de SVT et une classe de seconde nous attendent et pendant 1h30 nous leur présentons notre travail et nous échangeons avec eux sur notre projet. Nous présentons un petit film sur le travail à bord, des instruments de mesures, un poster sur la vie dans l’océan, le travail sur le phytoplancton et l’acoustique et nous leur avons amené des spécimens de poissons et de crustacés, capturés les jours précédents, qu’ils peuvent examiner à la loupe binoculaire. Ils montrent beaucoup d’enthousiasme et d’intérêt. 

Une équipe de Wallis et Futuna 1ere est également présente pour réaliser un reportage sur notre intervention qui sera diffusé le midi à la radio et le soir à la télévision. 

Toujours accompagnés par le représentant du service des pêches, nous rendons ensuite visite au délégué du préfet à Futuna qui nous accueille dans son bureau. Nous lui présentons notre projet et échangeons avec lui pendant une heure. 

Nous avons ensuite la chance d’avoir un petit aperçu de la belle île de Futuna.


Le professeur et les élèves sont très intéressés par les spécimens que nous leur présentons.


La présentation du travail acoustique


Au collège de Sisia avec les élèves de la classe de seconde, la proviseure et le professeur de SVT


L’équipe de Wallis et Futuna 1ere télévision interrogeant un élève


Avec le représentant du service des pêches et le délégué du préfet à Futuna.

Nous avons fait notre première station de nuit. Nous avons commencé vers 2h du matin par 2 chalutages de nuit dans les 100 premiers mètres de la surface où tous les organismes profonds se rassemblent. Les coups de chalut ne sont pas très riches mais nous capturons tout de même des spécimens intéressants de poissons et un gros calamar. Nous faisons ensuite une descente du sondeur acoustique à large bande WBAT et une première descente de la rosette pour faire le profil de température, salinité et prélever de l’eau. Mais le vent a forci et la mer est de plus en plus agitée. Pour la sécurité des marins et pour ne pas casser le matériel nous décidons d’arrêter les opérations.

Nous faisons alors route vers Futuna, face au vent et aux vagues, avec un vent de 25 nœuds et une houle de 3 mètres, le bateau bouge énormément, tout ce qui n’a pas été bien amarre se balade dans le bateau. Le bac à incubation pour l’étude de la production phytoplancton que qui est sur le pont contre le bastingage fini par casser avec la force des vagues.

En fin d’après-midi nous sommes contents de voir approcher Alofi et Futuna et nous allons mouiller entre les 2 iles pour la nuit.


Mise à l’eau du chalut a micronecton de nuit


La capture de la nuit avec un beau calamar.


En vue d’Alofi


Les 4 marins de l’Alis. Nous jetons l’ancre devant Alofi


Petite pause musicale le soir au mouillage

Nous avons fait route toute la nuit et sommes passés au-dessus de 2 monts sous-marins (Waterwitch bank et Combe bank) qui remontent très près de la surface (une vingtaine de mètres). Le matin nous nous arrêtons à l’ouest du mont Combe pour faire une station d’échantillonnage. Nous réalisons l’ensemble des travaux en 8h30, c’est un peu plus que ce que nous avions prévu, mais nous avons fait un chalutage profond à 550m qui nous a pris presque 2 heures et nous a permis de récupérer des poissons hachettes. 


Les marins ont remonté le filet à zooplancton à bord


Les scientifiques récupèrent les collecteurs contenant le zooplancton


Zooplancton récupéré sur un tamis


Un beau plateau de crevettes profondes


Un poisson hachette. Le commandant vient voir notre pêche miraculeuse


Grace à des cuistot 3 étoiles, nous gardons le moral

Aujourd’hui nous avons pu faire notre première station complète. Ça a remonté le moral des troupes. La météo n’était pas encore terrible, nous avons donc décidé de faire une station assez proche des côtes pour rester à l’abri. La station a commencé avec deux CTD pour aller chercher de l’eau en profondeur. Nous avons ensuite pu faire deux chaluts pour chercher nos premiers spécimens de micronecton. Et nous avons fini par mettre le WBAT à l’eau, sondeur acoustique qui descend sonder les couches. 

A l’heure où je vous écris, nous faisons route vers le nord de la zone avec pour objectif de passer au-dessus d’un mont sous-marin et d’en échantillonner un autre demain. Notre premier week-end à bord s’annonce studieux et rempli. 


Un groupe de noddi volant et se nourrissant à la surface près du bateau


Mise à l’eau du chalut par les marins. Bac avec les spécimens capturés et tri en laboratoire pour les petites photos.


Les poissons hachettes (en haut à gauche) avec une vue du dessous sur leurs photophores (en bas à droite). Une méduse mortelle, de la famille des Cubozoa (en haut à droite) et quelques spécimens des autres groupes : des crustacés et des mollusques.


Le pilote arrive sur le bateau vers 6:15 ce matin et nous quittons le lagon par la passe étroite. Nous nous dirigeons vers la première station d’échantillonnage que nous avons choisi sous le vent de l’ile en espérant être abrité de la houle. Nous commençons à travailler à 8h30 avec 2 descentes de rosette pour faire le profil de température et d’autres paramètres jusqu’à 600m et pour prélever de l’eau. Deux descentes d’acoustique avec le TAPS et le WBAT et un filet à zooplancton plus tard le vent est remonté et avec 25 nœuds le commandant décide d’arrêter le travail. Malheureusement nous n’allons pas pouvoir faire les chaluts a micronecton. Nous ne pouvons pas rentrer dans le lagon donc nous nous raprochons des cotes pour chercher un peu de protection et nous attendrons que le vent tombe un peu avant de reprendre la route vers la prochaine station. 


Sortie du lagon de Wallis par la passe étroite


Première station, chacun a son rôle pour le bon déroulement


Sur le pont arrière: la rosette est harnachée après les prélèvements et on s’apprête à mettre le TAPS à l’eau


Pendant la station 1, sous la pluie battante

Nous espérions sortir du lagon ce soir mais le départ est repoussé à demain, dehors il y a toujours 30 nœuds et 3 mètres de houle. Pour les ultimes préparatifs nous étiquetons tous nos flacons d’échantillons, et nous retravaillons le plan d’échantillonnage, revu à la baisse avec 3 jours de travail en moins. Malheureusement nous ne pourrons pas aller vers le nord de la zone économique.


Etiquetage des flacons pour le zooplancton dans le carré


Etiquetage des bouteilles de prélèvement d’eau de mer dans le labo


Le nouveau plan d’échantillonnage

Nous sommes toujours au mouillage derrière l’ilot Nukuatea qui est situé près de la passe. Le mouillage est calme mais le vent souffle toujours aussi fort et nous ne pouvons toujours pas sortir du lagon ; l’océan à l’horizon reste très agité. Nous mettons la journée à profit pour travailler sur les sondeurs acoustiques qui nous permettrons d’évaluer la quantité de petits organismes vivants, comme les poissons, dans l’océan.
Le sondeur large bande WBAT est mis à l’eau derrière le bateau pour en faire une calibration. C’est un nouvel instrument et nous en profitons pour prendre quelques photos sous-marines. C’est ensuite au tour du sondeur de surface d’être installé. Une perche a été construite et installée sur le côté du bateau au bout de laquelle il faut installer le sondeur. La perche est relevée en navigation et abaissée dans l’eau quand nous voulons prendre des mesures du signal acoustique de surface. En effet les sondeurs du bateau qui sont situés sous la coque regardent vers le bas et ne permettent pas de mesurer ce qui se passe dans les 7-8 premiers mètres de la surface. Avec la perche nous pourrons désormais observer la biomasse de petits poissons à la surface dont se nourrissent les oiseaux marins par exemple. Enfin nous mettons également en route le sondeur sous la coque et un membre de l’équipe plonge sous le bateau, ce qui nous a permis de prendre le signal acoustique d’un humain. Ce sont les derniers préparatifs car nous espérons bien quitter le lagon demain après-midi car les prévisions météo annoncent une diminution des vents à 17 nœuds.


Au premier plan le lagon, et derriere l’ilot l’ocean agité


Le WBAT, sondeur à large bande, suspendu dans l’eau et sur le pont pour le rinçage


Installation du sondeur de surface à l’extrémité de la perche ; descente de la perche dans l’eau et vue sous-marine de la perche en place pour l’acquisition du signal acoustique de surface


Dans le cercle noir le signal acoustique d’un humain plongeant sous le bateau à deux fréquences (38 et 120 kHz)


L’équipage est également bien occupé à finir d’installer tout le matériel

Après une longue nuit pleine de crissements et de bruits de choc du bateau contre le quai, la décision est prise : nous quittons le quai. Le capitaine a peur que les chocs à répétition endommagent la coque du bateau. Le départ du quai est périlleux : la houle pousse le bateau contre le quai et il faut empêcher que l’arrière du bateau ne tape pendant la rotation. Heureusement le capitaine et l’équipage ont de l’expérience et le départ se fait sans aucun dégât. Nous voilà enfin parti en mer, même si ce n’est pas encore pour le large.

Nous partons donc de l’autre côté de l’ile, se mettre au calme derrière un ilot. Cette petite navigation nous permet d’admirer les 100 nuances de bleu qui composent le lagon de Wallis. Arrivée au mouillage, nous voilà un peu protégé de la houle, même si le vent continue de souffler. Nous commençons par peaufiner les réglages des différents engins acoustiques et ajustons le filet à zooplancton. Nous profitons ensuite des joies du lagon, une baignade à l’arrière du bateau pour commencer. Nous enchainons ensuite par une balade à terre sur l’ilot le plus proche que nous rejoignons en zodiac. Une belle balade sur la plage nous permet d’admirer les paysages d’un coin de paradis perdu.


Départ du quai, les vagues passent sur le pont avant du bateau et ce n’est pas simple de détacher le bateau. Un choc contre le quai a quand même explosé une bouée de protection.


Avant de partir il faut bien tout attacher pour ne rien casser. A droite, réglage du filet à zooplancton. 


Petite virée à terre pour se dégourdir les jambes et profiter de ces beaux paysages.

La météo est pire qu’hier avec un lagon déchainé et des vagues qui passent par-dessus le wharf avec des vents établis de 30 à 35 nœuds et des rafales jusqu’à 42 nœuds, nous n’envisageons pas de partir, la passe pour sortir du lagon n’est pas praticable et nous ne pourrions pas travailler une fois dehors. Nous restons donc le long du quai mais nous ne sommes pas abrités, nous prenons le vent et la houle de travers et le bateau cogne contre les défenses, ça claque, ça couine, ça grince et ça craque de partout, difficile de dormir et cela bouge beaucoup.

Malgré tout nous continuons à préparer le labo et les instruments à l’intérieur dans la mesure du possible pour éviter la pluie. Mais pour certains équipements nous n’avons pas le choix et nous sommes obligés de travailler dehors. Entre deux grains nous prenons également des paquets de mer et finissons tous complètement trempés. Rude journée et pourtant nous sommes toujours à quai.


Dans le carré, préparation et nettoyage du WBAT, un engin acoustique à large bande qui sera mis à l’eau à chaque station.


L’Alis le long du quai dans le mauvais temps


Preparation de l’hydrobios, the filet a zooplancton

L’équipe scientifique est maintenant au complet sur le bateau à Mata’Utu capitale de Wallis, mais alors que le bateau est à quai, il bouge comme en pleine mer, en effet la météo est déplorable avec de très forts alizées. 

Le samedi matin nous avons rendez-vous avec le chef du service de l’environnement et une représentante du service de l’agriculture et de la pêche de Wallis et Futuna. Ils nous ont aidé à organiser et à préparer notre campagne et ils nous accompagnent ce matin pour rendre visite au roi de Wallis qui nous accueille dans son palais. Nous avons ainsi l’opportunité de présenter notre projet au roi qui nous remercie de notre venue à Wallis et montre de l’intérêt pour notre projet sur l’environnement du thon qui lui évoque sa participation dans les années 1990 au MHLC (Multilateral High-Level Conference), le processus de négociation qui a mené à la création de la commission thonière dans le Pacifique ouest et central.

Nous allons ensuite à l’assemblée territoriale où 4 représentants, le vice-president de l’assemblée territoriale, le président de la commission des finances, le président de la commission de l’enseignement, et le président de la commission de l’agriculture et de la pêche nous accueillent. Nous leur présentons également l’objet de notre campagne et échangeons sur l’intérêt de ce travail pour Wallis, notamment dans un contexte de volonté de développer la pêche thonière. 

Deux journalistes de Wallis et Futuna la 1ère TV nous ont suivi pendant cette matinée pour réaliser un reportage. Nous avons également reçu à bord la visite de 2 professeurs du collège et du lycée qui utiliseront les informations recueillies pour les présenter à leurs élèves. 

Dans l’après-midi nous avons commencé à organiser notre laboratoire et à installer tous les instruments qui sont très nombreux pour cette mission avec notamment plusieurs sondeurs acoustiques. En fin d’après-midi il reste encore beaucoup à faire pour être prêt à partir mais la météo est très mauvaise et nous avons la certitude que nous ne partirons pas demain comme prévu, nous avons donc encore du temps pour finir d’installer les équipements.



L’équipe scientifique accompagnée du chef du service de l’environnement et un de ses collègues et une personne du service de l’agriculture et des pêches de Wallis et Futuna, devant le palais du roi de Wallis.


En pleine installation dans le petit laboratoire humide de l’Alis.

Malgré un vent de sud-est de 20 nœuds fraichissant et des averses, le bateau continue à progresser vers Wallis à une vitesse de 8 nœuds. Il est actuellement à 68 milles nautiques dans le Nord de VANUA LEVU (Fidji). Pendant le transit l’équipage ne reste pas inactif et prépare l’équipement pour la mission. Ce matin le câble électromoteur du treuil océano qui fait plusieurs centaines de mètres de long, a été déroulé et rembobiné avec soin pour éviter tout problème lors de son utilisation avec les instruments. Ce câble métallique contient une gaine électronique qui est branchée aux instruments suspendus à l’extrémité du câble et qui permet d’envoyer des instructions aux instruments à partir du labo sec comme par exemple pour fermer les bouteilles de prelevement d’eau de la rosette aux profondeurs choisies.


Connection du câble electroporteur a la rosette pour commander les instruments

Alors que l’équipe scientifique est encore éparpillée avec 4 personnes en Nouvelle-Calédonie, une personne en France et une personne en Polynésie Française, et se prépare pour la campagne, le commandant de l’Alis nous tient au courant de la progression du navire. En fin de journée aujourd’hui le navire était au nord-ouest de l’ile de Viti Levu dans les eaux de Fidji. Ils espèrent arriver le matin du 28 juin à Wallis.

A 17h l’Alis quitte le port de Nouméa avec à son bord les 12 membres d’équipage : le commandant, son second et son lieutenant qui font des quarts en passerelle pour la navigation, le chef mécanicien, son second et l’officier mécanicien qui s’occupent de la machine, le cuisinier et le maitre d’hôtel qui s’assurent que le moral des troupes est bon, et quatre marins dont un bosco qui réalisent tous les travaux nécessaires pendant ce transit. Ils vont convoyer le bateau jusqu’à Mata Utu la capitale de Wallis, ce qui devrait prendre quelques jours.


Tout le matériel a été charge à bord, le bateau est sur le point d’appareiller

Alors que la mission Wallalis ne commence que le 1er juillet, il nous a fallu embarquer le matériel sur l’Alis dès aujourd’hui à Noumea, port d’attache du bateau. En effet le bateau quittera Noumea demain pour rejoindre Wallis en 5-6 jours probablement, en fonction des conditions météo. 

Nous embarquons énormément de matériel et notamment le grand chalut à micronecton qui nous permettra de collecter les petits poissons et calamars qui constituent la nourriture du thon. Nous allons également tester de nombreux instruments acoustiques ce qui requière beaucoup d’installations électroniques. Le petit laboratoire est plein de caisses de matériel qu’il va falloir amarrer solidement pour que rien ne bouge pendant le transit vers Wallis qui risque d’être mouvementé puisque le bateau naviguera avec une houle de travers.

L’Alis à quai à Noumea avec les caisses de matériel prêtes à être chargées devant le bateau.

Vue du laboratoire rempli de caisses de matériel qui doivent encore être amarrées.

Embarquement de la rosette pour les prélèvements d’eau



Résumé

Après avoir parcouru la zone économique de Nouvelle-Calédonie pendant 6 campagne entre 2011 et 2017, nous quittons ces eaux que nous commençons à bien connaitre pour les eaux de Wallis et Futuna. En effet, dans le cadre du projet Biopelagos (financement BEST 2.0, Union Européenne), la CPS et l’IRD continuent à collaborer pour mieux connaitre l’océan du large, son fonctionnement et ses habitants. 

Nous sommes impatients de découvrir les eaux de Wallis et Futuna qui n’ont pratiquement pas été explorées et pour lesquelles il n’existe, à notre connaissance, pas d’informations sur le micronecton (ces petits poissons, calamars, crustacés, méduses qui mesurent entre 2 et 20 cm et sont mangés par les thons). 

La caractérisation de l’océan environnant Wallis et Futuna va nous permettre de mieux comprendre son fonctionnement et à terme de potentiellement identifier des zones de forte biodiversité qu’il pourrait être important de protéger, par exemple autour des monts-sous-marins, ou d’identifier des zones où le micronecton est plus concentré et ou potentiellement les grands prédateurs comme les thons, les marlins ou les oiseaux marins pourraient venir se nourrir.  

Comme pour les campagnes Nectalis and Puffalis qui se sont déroulées dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, l’objectif de la campagne Wallalis est d’acquérir de nouvelles connaissances sur le fonctionnement de l’océan. Ainsi nous allons recueillir des données sur la physique et la chimie de l’océan (courants, température, salinité, nitrates, silicates, phosphates…), et sur la biologie (phytoplancton, zooplancton et micronecton). 

La campagne Wallalis débute le 1 juillet 2018 au départ de Mata’Utu à Wallis et une équipe de 6 scientifiques de l’IRD et de la CPS sera à bord pour 2 semaines avec une escale à Futuna le 9 juillet et un retour à Wallis le 16 juillet. A Wallis et à Futuna nous rencontrerons des scolaires pour leur expliquer notre travail et échanger avec eux, ainsi que les représentants des différentes institutions du territoire.



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Last Updated on Wednesday, 01 August 2018 17:33
 
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